« Quoi que nous pensions, nous le devenons ».
Cette citation, attribuée à Bouddha, explique bien comment notre esprit et nos pensées sont capables de façonner le monde qui nous entoure, notre rapport aux autres et nos possibilités d’actions. Comprendre cela permet de se rendre compte que nos seules limites sont celles que nous nous imposons nous-mêmes.
L’esprit humain est un outil extrêmement puissant. Laisser libre cours à ses peurs et ses doutes revient à être dominé en permanence par des pensées parasites, auxquelles on s’identifie sans réfléchir, et qui finissent donc par nous définir tout entier.
Un exemple typique : se dire « je ne suis pas assez intelligent.e/fort.e/compétent.e/attirant.e » (rayez les mentions inutiles) à longueur de journée va finir par saper notre confiance en nous, et nous rendre effectivement moins performants, moins efficaces, moins détendus…
C’est le syndrome de la prophétie auto-réalisatrice, ou effet Pygmalion, observée dès les années 1950 par le sociologue américain Robert K. Merton. « La prophétie auto-réalisatrice est une définition d’abord fausse d’une situation, mais cette définition erronée suscite un nouveau comportement, qui la rend vraie ».
Le principe bien connu de l’effet placebo, utilisé en médecine, est le même. Le point crucial est donc le suivant : nous sommes capables de nous auto-persuader que la réalité est conforme à ce que nous pensons qu’elle est.
Partant de là, plutôt que de se laisser contrôler par notre esprit, nous pouvons choisir de devenir maître de notre vie. Chacun d’entre nous a le pouvoir d’attirer à lui ce qu’il désire par la force de son intention… Ce n’est pas de la science-fiction, nous avons tous cette faculté. Nous devons seulement apprendre à nous servir efficacement et à bon escient de cet outil.
« Le meilleur moyen de prévoir le futur, c’est de le créer » a un jour affirmé l’économiste américain Peter Drucker. Et c’est là le coeur des enseignements que les grands maîtres yogis ont apporté en Occident : le corps influence l’esprit et donc, le comportement influence les pensées.
Bref, en se comportant comme si on était confiant, on le devient. Lorsqu’une croyance est ancrée en nous, l’esprit fait tout son possible pour qu’elle se vérifie. En se répétant régulièrement, comme un mantra, des affirmations telles que « je suis confiant.e », celles-ci finissent par se graver dans notre inconscient, et notre comportement commence à se modifier subtilement pour correspondre à cette nouvelle croyance.
Nous sommes finalement les seuls architectes de notre réalité. Le constat peut être effrayant au départ, puisqu’il nous rend pleinement responsable de notre existence, de nos joies comme de nos souffrances. Dans la pratique du yoga, prêter attention à son intention, ou sankalpa en sanskrit, est donc fondamental.
Mais comment maîtriser et formuler une intention ?
On exprime une intention en se projetant de façon positive dans une réalité déjà tangible : plutôt que de penser « je veux être plus équilibré.e » par exemple, on formule mentalement une affirmation comme si elle était déjà vraie (« je suis équilibré.e ») et en prenant conscience de l’effet qu’a sur nous cette affirmation.
Il est important d’avoir pleinement confiance dans notre affirmation, et d’être déterminé à ce qu’elle devienne réalité. On évite les formulations négatives (« je ne veux plus être comme cela ») pour se concentrer sur le positif. Le sankalpa est un ordre direct formulé en direction du subconscient. Il doit donc être simple, court, concret, bénéfique pour soi mais aussi pour les autres.
En Yoga Nidra, pratique ancestrale du sommeil yogique, qui consiste à réduire son rythme corporel et mental pour atteindre un état de relaxation très profonde, sans sombrer pour autant dans le sommeil, la notion d’intention est primordiale.
C’est en restant là, à la lisière de la conscience, entre veille et sommeil, entre inconscient et conscient, que le terrain est le plus fertile pour déposer de petites graines qui finiront ensuite par germer, se développer dans notre esprit et se manifester dans nos vies. On peut facilement pratiquer cela tous les jours, au moment de s’endormir et juste après le réveil.
Les prophéties auto-réalisatrices existent bel et bien, et témoignent du pouvoir de l’esprit sur la réalité. Avec la pratique quotidienne de sankalpa, vous plantez une idée qui devient si forte qu’elle commence à colorer votre réalité. Et ce que vous pensiez auparavant impossible semble soudain facile et naturel. À nous d’utiliser ce pouvoir à bon escient, conscient des possibilités illimitées qui s’ouvrent à nous avec cette nouvelle manière d’aborder la vie.
Pour aller plus loin :
Un mode d’emploi de la pratique du sankalpa dans le Yoga Nidra.
Un article de Yoga Journal sur l’intention dans le yoga.
Découvrez aussi d’autres documentaires sur la chaîne Youtube de Tistrya.
Leave a Reply